Zeina Saleh Kayali
C’était un véritable bonheur que de retrouver enfin le chemin de l’église Saint Joseph à Beyrouth pour goûter la joie (presque oubliée !) d’un récital de piano. Ce plaisir devenu si rare, ce tout premier concert post confinement, nous le devions aux efforts conjugués de la banque Bemo, toujours pionnière en matière de culture libanaise et du Département de lettres de l’Université Saint Joseph. Patrick Fayad, artiste Steinway, pianiste concertiste ayant été formé en France, notamment par l’immense France Clidat « Mme Liszt ! », offrait à l’assistance un programme résolument romantique, composé d’œuvres de Beethoven, Schubert et Liszt.
Après les discours d’usage, (père Gabriel Khairallah s.j., recteur de l’église, Karl Akiki, chef du département des Lettres françaises de l’USJ et Riad Obégi, Président de la banque Bemo) qui tous appellent à la résistance culturelle, au courage et au combat en faveur de la francophonie, le concert peut commencer.
Patrick Fayad est un pianiste ardent et passionné et ce répertoire lui va comme un gant. Il prend à bras le corps la Sonate n° 14 dite « Au clair de lune », de Beethoven, œuvre dont le succès irritait le compositeur ! Place ensuite à Schubert, dont la Sonate D 784, concise et intense, incarne les derniers jours heureux de ce compositeur mort à 31 ans. Le concert se referme par une page de Liszt Les années de pèlerinage suisse (orage). Ce compositeur a fait évoluer la technique pianistique et ses œuvres, d’une difficulté redoutable, terrifient même les pianistes les plus aguerris. Patrick Fayad affronte la pièce avec virtuosité et clarté. Pas de doute, c’est un pianiste Lisztien !