Dans l'Agenda Culturel POUR AFFRONTER LES TÉNÈBRES, LA LUMIÈRE DE MOZART

2020-07-27

Zeina Saleh Kayali
Parmi les interprétations majeures du Requiem de Mozart, il faut compter désormais avec celle du chœur de l’USJ, dirigé par Yasmina Sabbah, une femme à l’énergie et au charisme exceptionnels.



Dimanche soir, en l'église Saint Joseph à Beyrouth, devant un public restreint et retransmis en direct par MTV, cet ensemble qui n'a que quatre ans d'existence a su trouver le ton et le recueillement nécessaires pour se lancer, sous la battue d'une élégante précision de sa cheffe, dans la puissante aventure de cette œuvre si souvent entendue. Yasmina Sabbah conduit ses troupes, chœur et orchestre, vers une extraordinaire cohésion. Les choristes chantent par cœur et, affranchis de la partition (ce qui est extrêmement difficile), sont entièrement à l'écoute et au regard du chef. Cela leur donne une présence autrement plus attentive à la direction et se ressent dans l'homogénéité du son.



Dans le quatuor de solistes, l’on peut apprécier la voix de cristal de la soprano Marie-José Matar, la profondeur de la mezzo-soprano Grace Medawar, tandis que les voix d’homme, celles du baryton-basse César Naassy et du ténor Rani Ayrouth créent avec elles un quatuor parfaitement harmonisé.



L’orchestre, lui, suit avec engagement les indications de son chef, fiévreuse, emportée, vibrante, alternant mise en retrait ou prise de parole et livrant un Mozart écorché vif, car quoi de plus émouvant que cette longue méditation allant des ténèbres à la lumière ?



Ce Requiem avait une saveur très particulière. Celle d'un pays qui sombre dans le gouffre, celle d'une pandémie qui pétrifie la planète. Mais la musique de Mozart, lumineuse et bouleversante, constitue une aide précieuse pour affronter les pires épreuves.

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