Dans l'OLJ C’est encore et toujours la musique qui nous console le mieux

2020-09-07

Le « Requiem »
de Mozart à Paris,
en hommage
aux victimes de
l’explosion du 4
août.

Zeina SALEH KAYALI

Il est réconfortant pour les Libanais
de Paris de constater que l’aide de la
France à leur pays sinistré passe aussi
par le biais de la musique. C’est ainsi
qu’à l’église Saint-Sulpice, joyau architectural
français, construite entre
1646 et 1870, se donnait, un mois
jour pour jour après le drame, un
concert en hommage aux victimes
de l’explosion du 4 août. Le choeur
international Hugues Reiner, l’Euromusic
Symphonic Orchestra et des
solistes de renom, dont la soprano
libanaise Rima Tawil, étaient placés
sous la direction d’Hugues Reiner
lui-même grand ami du Liban.
D’entrée de jeu, le ton est donné
et place au patrimoine musical libanais.
Le concert s’ouvre sur le Kyrie
de Ziad Rahbani, oeuvre sombre et
pénétrante dont l’atmosphère mystérieuse
est sublimée par le ténor
Michel el-Ghoul et le choeur entièrement
masqué de noir, Covid-19
oblige. Puis vient la Symphonie n° 7 de
Beethoven et son célèbre deuxième
mouvement, allegretto, au thème
si entêtant qui, aux dires même du
compositeur, « est l’une de ses meilleures
oeuvres ».
Après un Nessun Dorma (extrait de
l’opéra Turandot de Puccini) remarquablement
chanté par le ténor Joachim
Bresson, place au Requiem de
Mozart. Cette oeuvre intemporelle,
interprétée ce soir-là à la mémoire des
victimes de Beyrouth, avait quelque
chose de déchirant. Les numéros
s’enchaînent, le plateau est extrêmement
homogène, suivant à la seconde
la battue électrique et exaltée de son
chef. Et d’ailleurs, quelle ne fut la
surprise du public de constater, chose
totalement inédite, que ce dernier
assurait lui-même la partie soliste de
basse, passant avec un égal bonheur
du pupitre de chef à celui de chanteur.
Guillemette Laurens, que l’on
connaît plutôt dans le répertoire baroque,
donnait ici un superbe échantillon
de son célèbre timbre chaud de
mezzo-soprano. Rima Tawil, tout en
douceur et émotion contenue, faisait
une belle démonstration mêlant puissance et sensibilité. L’oratorio
où l’on n’a pas souvent l’occasion de
l’entendre, lui va très bien, tant il est
vrai que derrière la technique parfaitement
maîtrisée, l’on sentait affleurer
une spiritualité profonde et sincère.
Tant de beauté dans un monde
d’une telle férocité ne pouvait qu’apporter
un baume aux coeurs meurtris,
et c’est encore et toujours la musique
qui nous console le mieux de tous les
malheurs.

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