Dans l'OLJ « Pour un peuple aussi peu nombreux, nous avons une créativité débordante »

2021-06-14

Alors qu’il va diriger un concert organisé par le Rotary Club de Beyrouth entièrement consacré aux compositeurs libanais, vendredi 25 juin au musée Sursock, Lubnan Baalbaki, chef permanent de l’Orchestre philharmonique du Liban, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».
OLJ / Par Propos recueillis par Zeina SALEH KAYALI,
Quelle est la genèse du concert de ce vendredi 25 juin au musée Sursock ?
Il devait se tenir en avril 2020 et était à l’origine dû à la volonté d’un homme, Halim Fayad, initiateur de la consolidation des liens entre
le Rotary Club de Beyrouth et l’Orchestre philharmonique du Liban.
Cette personnalité remarquable nous a quittés il y a quelques
semaines et ce concert rend hommage à sa mémoire.
C’est un concert entièrement consacré aux compositeurs
libanais ?
Oui, et je crois profondément dans la composition libanaise. Le
Liban possède des talents extraordinaires de musique savante. Pour
un peuple aussi peu nombreux, nous avons une créativité
débordante. Le Liban est riche en grands compositeurs et tout le
monde ne le sait pas forcément. Et c’est la richesse de cette
créativité qui fait la différence avec d’autres pays de la région. Même
l’Égypte, qui a une très importante tradition musicale, n’a pas ce
nombre de compositeurs de musique savante.
Vous avez déjà interprété des oeuvres de notre patrimoine
de musique savante ?
En effet, j’essaye de mettre régulièrement nos compositeurs à mon
répertoire. Quand je suis invité à diriger des orchestres à l’étranger,
je suis fier d’exporter cette musique. Je leur apporte un produit
qu’ils n’ont pas et dont on peut s’enorgueillir. Notre patrimoine
musical libanais est très riche.
Quel sera le programme du concert ?
J’ai choisi des compositeurs dont les langages musicaux démontrent
la diversité et la multiplicité de la musique libanaise : Georges Baz,
Marcel Khalifé, Gabriel Yared, Hiba al-Kawas et Iyad Kanaan. Des
sensibilités différentes qui incarnent parfaitement le dialogue des
cultures entre Orient et Occident.
À part l’Orchestre philharmonique, qui sont les autres
interprètes ?
Le choeur Notre Dame University (NDU) qui a été préparé par son
directeur musical, le père Khalil Rahmé, ainsi que deux brillantes
solistes, Nadine Nassar et Carla Ramia.
Et vous ? Comment êtes-vous « tombé » dans la musique ?
J’ai grandi entouré d’art : mon père est peintre et ma soeur Soumaya
a commencé très tôt sa carrière de chanteuse. Dès l’âge de 4-5 ans,
j’étais déjà plongé dans une atmosphère musicale et artistique. J’ai
commencé à apprendre le oud et le piano puis je suis entré au
Conservatoire et j’ai étudié le violon. J’ai ensuite intégré l’Université
Saint-Esprit de Kaslik pour étudier la musicologie.
Vous avez alors envisagé de partir vous perfectionner à
l’étranger ?
Oui, mais j’étais encore perdu sur ce que je voulais faire exactement.
Est-ce que je voulais étudier la composition ou la direction
d’orchestre ? C’est alors que j’ai fait une rencontre qui a décidé du
cours des choses, avec le chef d’orchestre Petre Sbârcea qui avait été
l’élève du grand Celibidache et qui est devenu mon professeur. Il me
parlait des maîtres de la direction d’orchestre dont l’obsession était
la musique, de leur vie, de leurs différentes interprétations d’une
même oeuvre, bref, il m’a mis dans une atmosphère qui m’a
subjugué. J’avais trouvé ma voie.
Vous avez donc poursuivi vos études en Roumanie ?
Oui, j’ai fait un master et un doctorat en direction d’orchestre à
l’Université de Bucarest. Puis j’ai poursuivi mon cursus de chef
d’orchestre à Vienne, tout en suivant des masterclass dans différents
lieux en Europe, avec des chefs tels que Kurt Masur ou Colin
Metters. Il est important de continuer à se former. Dès que je le
peux, j’essaye d’aller voir des grands chefs et de m’inspirer de leur
travail.
Que faut-il vous souhaiter ?
De pouvoir continuer à diriger au Liban et ailleurs et d’être un
artisan de la diffusion de notre musique nationale !

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