Dans l'Agenda Culturel MARINA WAKIM MOUKHAIBER OU LE DON À L’AUTRE PAR LA MUSIQUE

2022-05-27

Zeina Saleh Kayali
Marina Wakim Moukhaiber est une militante sociale et musicale, passionnée par le chant et par le soutien aux plus démunis. Elle raconte à l’Agenda Culturel son parcours en lien avec la cantatrice Aline Aoun qui vient de fêter ses 100 ans.

Vous venez d’organiser la célébration des cent ans d’Aline Aoun cantatrice libanaise dont vous avez été l’élève. Qui est Aline Aoun ?

Aline Aoun était une chanteuse lyrique à la voix d’ange et l’un des meilleurs professeurs de chant du Conservatoire. Ayant eu un accident de santé dans ses jeunes années, alors qu’elle avait déjà obtenu son diplôme, elle a suivi des cours particuliers avec les professeurs russes qui constituaient alors un important vivier de l’enseignement de la musique au Liban. Ceci lui a permis de considérablement approfondir sa technique du chant.



A-t-elle eu une vie musicale personnelle à part le volet pédagogique ?

Certainement une vie musicale extrêmement riche. Elle se produisait régulièrement en soliste avec l’Orchestre du Conservatoire et également en récital avec piano, notamment avec Samia Flamant qui l’accompagnait régulièrement dans le répertoire des mélodies françaises et du Lied allemand



Comment avez-vous célébré les cent ans d’Aline Aoun il y a quelques jours ?

Nous nous sommes retrouvés pour une messe en sa présence et celle de ses neveux et nièces, au cours de laquelle j’ai interprété l’Ave Maria de Bach-Gounod, d’autres cantiques et nous avons clôturé la messe par un enregistrement de l’Ave Maria de Schubert avec la voix d’Aline. Puis nous nous sommes réunis dans l’une des salles de la paroisse Saint Antoine de Padoue. Aline est une personne de haute spiritualité. Ses cours s’en ressentaient d’ailleurs fortement.



L’Ave Maria de Charles Gounod a une place spéciale pour vous ?

Oui ! Je l’ai chanté avec elle plusieurs fois, notamment dans le cadre des Générations chantent Marie lors d’un 25 mars au Collège Notre-Dame de Jamhour avec Lebam.



Parlez-nous justement de Lebam

C’est une association qui enseigne gratuitement la musique aux jeunes de 9 à 18 ans et notamment les instruments à vent et des percussions qui sont mis gratuitement à la disposition des élèves. Nous avons eu jusqu’à 400 élèves, mais hélas, depuis 2019, les financements se sont taris. La musique était déjà, avant la crise, considérée comme un luxe. Ce qui fait notre spécificité, au-delà de l’enseignement de la musique aux jeunes, c’est de les intégrer dans un orchestre. Lebam a fondé huit orchestres de niveaux différents, permettant ainsi aux jeunes musiciens d’évoluer au fur et à mesure de l’approfondissement de leur apprentissage.



Mais vous ne désespérez pas de reprendre ?

Nous l’espérons fortement. Mon mari Ghassan Moukhaiber et moi-même y croyons. Nous avons un public qui attend le retour des jeunes. Notre dernier concert date de Noël 2020, en plein confinement. Le covid également a beaucoup fragilisé la vie culturelle.



Qu’est-ce que le Joyful team ?

Un petit groupe de musiciens issus de Lebam qui va visiter les personnes âgées démunies dans les maisons de retraite ainsi que des malades dans les hôpitaux. Ces personnes ne peuvent plus se déplacer pour écouter nos concerts, alors nous leur apportons là où ils vivent, la joie de la musique. Puis lors du concert de Jamhour dont je vous parlais plus haut, nous avons eu l’idée avec Ghassan Moukhaiber de faire sortir ces personnes âgées pour les faire participer à ce bel événement. Cela a nécessité plusieurs mois de travail et j’allais les faire répéter et mémoriser les chants tous les dimanches. C’était très touchant de voir comment ils m’attendaient d’un dimanche sur l’autre.



Vous avez vous-même enregistré deux albums de cantiques en langue arabe ?

Oui, des œuvres de Jean-Claude Gianadda, compositeur français spécialisé dans le répertoire religieux. Je traduis les chansons en arabe avec l’aide du Père Khawand, musicien, poète et ermite puis je les interprète. Le premier album, Sel de la Terre, a été vendu au profit de la paroisse Saint-Antoine de Padoue. Le concert, en 2017, avait attiré 500 personnes et 800 exemplaires de l’album ont été écoulés !



En 2018 vous avez donné un concert commun avec Jean-Claude Gianadda ?

Il est en effet venu au Liban et a aimé la qualité du travail. Cela a débouché sur un deuxième album, Chants pour que danse le Monde, un cycle de cantiques dansants et priants, ainsi que des chants scouts. Les ventes de l’album se sont faites en ligne (la crise commençait) et les recettes ont été à cinq associations qui aident les personnes âgées démunies.



Vous avez le projet d’un troisième album ?

Oui, entièrement consacré à la Sainte Vierge. Je travaille actuellement sur les traductions. L’un des cantiques est adressé à Notre Dame du Liban

Partager