Zeina Saleh Kayali
C’est un programme très éclectique qu’offrait la jeune et brillante pianiste à Beit Tabaris, allant de la musique baroque, à la musique du 20e siècle, en passant par le romantisme, sans oublier le patrimoine musical libanais.
Après une présentation par Joe Letayf, pleine d’éloquence, de culture et d’humour, le récital peut commencer. Sensibilité et fluidité, fougue et élégance pourraient être les maîtres mots de ce moment musical.
Pour débuter, d’Olivier Messiaen (1908 – 1992), « l’ornithologue musical » obsédé par le chant des oiseaux, La Colombe, une charmante petite pièce qu’Aliénor enchaîne immédiatement avec la Suite anglaise n°2 en la mineur de Jean-Sebastien Bach(1685 - 1750). Comme l’explique Joe Letayf, ces suites n’ont d’anglaises que le nom, Bach n’ayant jamais mis les pieds en Angleterre. Elles pourraient avoir été dédiées par le dernier fils de Bach à une personnalité anglaise. Les sept mouvements s’enchaînent, précis et poétiques en même temps.
Après une mini-pause, voici Wadia Sabra (1876 - 1952). Aliénor Khalifé donne à sa Polka Orientale une touche très aérienne et originale, réinventant l’œuvre, toujours expressive.
Puis vient Franz Schubert (1797 - 1828) avec ses 13 Variations en la mineur sur un Thème de Anselm Hüttenbrenner et leur redoutable difficulté technique, parcours d’obstacle effectué haut la main par la jeune pianiste.
Quel meilleur moyen de clôturer un récital que d’y retrouver Frédéric Chopin (1810 – 1849) et sa ballade n° 3 ? Nulle emphase dans l’interprétation d’Aliénor, mais une accroche qui happe l’oreille et embarque aussitôt l’auditeur.
Le public conquis en redemande et Aliénor joue en bis, Notturno, une ravissante pièce lyrique de Grieg (1843-1907). Romantisme quand tu nous tiens !