Dans l'Agenda Culturel LA 5E ÉDITION DES MUSICALES DU LIBAN À PARIS

2023-06-14

Zeina Saleh Kayali
Edition du printemps réussie pour la 5e saison des Musicales du Liban, festival fondé en2019 et dont le but est de diffuser et valoriser la musique savante libanaise. Mais passeulement, car bien que les organisateurs exigent qu’au moins la moitié du programme soitconsacré aux compositeurs libanais, ils sont très heureux quand le patrimoine musicallibanais dialogue avec d’autres cultures comme c’était le cas lors des deux concerts, l’uninstrumental et l’autre vocal, donnant la parole respectivement à Georges Daccache (piano),Dona Nouné (violon), Caroline Solage (soprano) et Denis Dubois (piano).
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6/15/23, 11:55 AM La 5e édition des Musicales du Liban à Paris
https://www.agendaculturel.com/article/la-5e-edition-des-musicales-du-liban-a-paris-2 2/10
Le premier récital,
De New-York à Beyrouth
, fait dialoguer dans des oeuvres libanaises etaméricaines, l’archet de Dona Nouné, ensoleillé, joyeux et sensible et le piano de GeorgesDaccache en pleine possession de ses moyens. Ce dernier est d’ailleurs aujourd’hui lepianiste qui est allé le plus loin et le plus profondément aux sources de la musique libanaisepour piano et dont le répertoire recèle des dizaines d’heures de musique de chambre pourvoix et instruments, sans compter les oeuvres pour piano solo dont la plupart ne sont mêmepas encore éditées.
Le concert s’ouvre avec la
Sonate brève
de Boghos Gelalian (1927-2011), oeuvre en troismouvements dont la joie associée à la mélancolie, rappelle que la source majeured’inspiration du compositeur était le folklore arménien et révèle les multiples visages d’uncréateur encore hélas trop méconnu.
Puis vient la
Sonate pour violon et piano
d’Aaron Copland (1900-1990) en trois mouvementsdont les deux derniers s’enchaînent et qui caractérise bien l’oeuvre de Copland de façongénérale, empreinte de calme et d’élévation mais aussi de fermeté pour ne pas dire, danscertains passages, de dureté. Ici, la virtuosité et la tension sont à leur extrême. Le publicretient son souffle.
Suit le
Nocturne pour violon et piano
opus 1 de Sevag Derghougassian (né en 1977),compositeur dont la double culture libanaise et arménienne est présente dans le processusde création. Son Nocturne fait partie de ces oeuvres qui saisissent d’emblée l’auditeur,l’ouvrent à l’écoute et l’invitent à la surprise entre lyrisme et émotion.
Le récital se poursuit avec Miguel Del Aguila (né en 1957) et sa
Seduccion pour violon etpiano
opus 96, oeuvre puissamment colorée et rythmiquement virtuose, dont le compositeurdit qu’elle « exprime son humanité ».
Le concert se termine avec une oeuvre majeure d’Iyad Kanaan (né en 1971). Cecompositeur issu d’une prestigieuse lignée musicale (son grand-père Emile Irani était unvioloniste virtuose, célèbre pour ses improvisations), a un langage musical qui vient du coeuret qui parle au coeur. Son
Duo pour violon et piano
en trois mouvements, a fait véritablementsensation, clôturant avec brio ce moment musical totalement original.
Le deuxième concert était donné par la soprano Caroline Solage et le pianiste (chef dechant à l’opéra national de Paris) Denis Dubois qui avaient choisi une approche trèsoriginale : Procéder par thèmes, en prenant chaque fois un compositeur occidental et uncompositeur libanais. Ainsi, en ouverture de la musique sacrée autour du thème de Marie.Un
Ave Maria
de William Gomez (1939-2000), belle oeuvre méditative, suivi de
AssalamuAaleyki
du père Joseph Waked (1940-2020) et d’un
Schlomlekh Maryam
de Violaine Prince(née en 1958), oeuvre intense et bouleversante en Araméen, court exemple d’une ample etriche oeuvre sacrée qui est la « marque de fabrique » de la compositrice.
Puis viennent deux mélodies arméniennes
Yes Atchk
de Garo Avessian (né en 1979) chefd’orchestre et compositeur au langage musical émouvant et
Oror
de Parsegh Ganatchian(1885-1967), compositeur de l’hymne national arménien.
Suivent deux extraits d’opéra d’Elia Koussa (né en 1978) dont le langage musical novateurse pose sur un texte du poète Adonis,
Histoire qui se déchire sur le corps d’une femme
, écritspécialement pour la voix de Caroline Solage.
Le concert se poursuit avec une mélodie de Francis Poulenc (1899-1963), extraite de
LaVoix humaine
, et un
lied
de Gustav Mahler (1860-1911), extrait des
Kindertotenlieder
et se
6/15/23, 11:55 AM La 5e édition des Musicales du Liban à Paris
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clôture avec deux pièces majeures de musique de film, la
Berceuse
extraite du
TalentueuxMr Ripley
par Gabriel Yared (né en 1949), oeuvre fine et bouleversante qui s’égrène commedes petites gouttes d’eau et enfin le célébrissime
Parla piu piano
de Nino Rota (1911-1979),extrait du film
Le Parrain
.
Puissante dans sa voix et claire dans son expression, Caroline Solage donne à ceprogramme très éclectique une cohérence et un fil conducteur. Elle déjoue avec aisance lespièges de partitions dont l’écriture est parfois escarpée et en restitue l’émotion et la poésie.Extraordinaire « conteur » au piano, Denis Dubois à parfaitement compris et intériorisé lasingularité de cette musique parfois « en devenir ». Avec fluidité et lyrisme, il est présent auxcôtés de la chanteuse sans jamais être envahissant. Beau duo en vérité !
Les prochains rendez-vous des Musicales du Liban à Paris se tiendront les dimanches 12,19 et 26 novembre et nous en reparlerons bien sûr !

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