Dans l'Agenda Culturel JADAL À PHILOKALIA, LE OUD DANS TOUS SES ÉTATS

2023-06-29

Zeina Saleh Kayali
C’était une soirée inoubliable que Jadal, dans le cadre enchanteur de Philokalia, institut de musique fondé à Aintoura par Sœur Marana Saad. Deux immenses instrumentistes et compositeurs, Marcel Khalifé et Charbel Rouhana se donnaient la réplique musicale dans une joute de oud absolument unique et originale. Au départ, deux concerts étaient prévus, mais ils ont rencontré un tel succès, que Philokalia en a rajouté deux supplémentaires pour la plus grande joie du public venu de tout le Liban et des deux musiciens que ce retour aux sources a comblé de joie.



Jadal est une œuvre en quatre mouvements, composée par Marcel Khalifé il y a 28 ans et qui a fait l’objet de tournées dans 70 villes à travers le monde. C’est la version en deux mouvements qui était présentée, faisant dialoguer deux ouds dans une extraordinaire débauche de sons et de rythmes. Écrite dans les règles de l’art, harmonie, contrepoint, fugue, auxquels se mêlent certains modes orientaux, la pièce est de la pure musique savante, faisant dialoguer les cultures entre Orient et Occident. Les interprètes ont la partition sous les yeux, mais rien ne les empêche à un moment ou à un autre de s’échapper de l’écrit pour se lancer dans une improvisation haletante.
Tantôt basée sur des musiques traditionnelles ou sur des pièces originales, Jadal se déploie et donne la parole aux instruments qui se font tour à tour doux, tendres, violents, séducteurs ou complices. Toute la palette des sentiments humains est contenue dans cette œuvre qui redonne au oud ses lettres de noblesse. Car jusqu’à l’arrivée de musiciens tels que Marcel Khalifé et Charbel Rouhana, le oud était plutôt considéré comme un instrument d’accompagnement, souvent caché derrière un chanteur, et dont le son grêle ne servait qu’à valoriser le chant. Mais voici que le oud s’avère polyphonique, et se trouve receler des sonorités voluptueuses, pleine des richesses et de couleurs insoupçonnées.



Le concert se termine avec Rita, œuvre mythique de Marcel Khalifé sur un poème de Mahmoud Darwich. L’assistance entonne le chant qu’elle connaît par cœur. L’émotion et le bonheur sont à leur comble.



Véritable thérapie que ce cycle de concerts donnés à Philokalia. Tant pour les auditeurs qui, emportés par la musique, sortaient de leurs soucis quotidiens (et Dieu sait s’ils sont nombreux !), que pour les interprètes eux-mêmes qui reprenaient contact avec leur public après une trop longue absence et qui étaient tout émus par la chaleur de l’accueil.

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