Dans l'Orient le jour compte rendu du concert d'Elie Maalouf et Gilbert Yammine à l'IMA (Paris)

2013-12-17

Mardi 17 Décembre 2013
Culture
Les musiques sans frontières d’Élie Maalouf et de Gilbert Yammine

Musique
C'est dans le cadre de la programmation toujours originale et éclectique de l'Institut du monde arabe à Paris qu'Élie Maalouf au piano et au bouzouk, et Gilbert Yammine au qanoun ont offert, à un public totalement charmé, un concert haut en couleurs orientales.
Ces deux grands instrumentistes sont aussi compositeurs et leurs musiques ne connaissent pas de frontières. Mélange détonnant de jazz oriental, de chansons traditionnelles arabes, de rythmes latino-américains ou de musiques savantes, les sonorités de leurs œuvres s'entrelacent, se répondent, s'interpellent et fusionnent dans une parfaite homogénéité.
Entourés d'une remarquable formation musicale, Krasten Lutkanov au saxophone alto et à la flûte bulgare, Emek Evci à la contrebasse, Youssef Hobeich aux percussions et Baptiste de Chabaneix à la batterie, Élie Maalouf et Gilbert Yammine ont fait dialoguer leurs instruments pendant près de deux heures, complices, complémentaires, généreux. Dans la grande tradition du jazz classique, ils donnent la parole tour à tour à chacun des musiciens, lui offrant un espace de soliste, laissant libre cours à l'improvisation et à la créativité, voire au déchaînement de chacun, mais sans jamais sacrifier à la rigueur.
Les morceaux se succèdent, tantôt mélopée triste ou ballade mélancolique qui, soudain, enfle et se développe jusqu'à devenir rythme endiablé, tantôt pot-pourri de chansons traditionnelles libanaises, ou encore sonate orientale pour trio instrumental dont le raffinement, la simplicité et le dépouillement vont droit au cœur.
Élie Maalouf passe avec un égal bonheur du piano au bouzouk, instrument qu'il a spécialement fait fabriquer avec un mélange de bois de noyer occidental et de cèdre du Liban, comme pour mieux faire dialoguer l'Orient et l'Occident.
Quant à Gilbert Yammine, il impressionne par sa virtuosité et son agilité à se servir de son qanoun dont il tire une sonorité riche et chatoyante.
En mariant ainsi des instruments musicaux orientaux et occidentaux qui n'étaient pas initialement prévus pour cohabiter au sein d'une même formation, en assumant avec naturel et sensibilité un hardi mélange des genres, Élie Maalouf et Gilbert Yammine réussissent, au-delà de la performance musicale pure, un audacieux pari : celui de renforcer davantage le dialogue des cultures par le biais de la musique, concept dont les artistes libanais à travers le monde sont les incontestables champions.

Zeina SALEH KAYALI
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