Les Musicales du Liban en majesté ce vendredi 27 juin 2025 à l’église Saint-Sulpice à Paris dans l’Orient-Le Jour OLJ / Par Joséphine HOBEIKAle 25 juin 2025 à 16h43

L’édition estivale du festival aura lieu le vendredi 27 juin. Fidèle à elle-même, la programmation croise des œuvres de référence et des créations, entre Orient et Occident, interprétées par le chœur du festival.

L’église Saint-Sulpice accueille le chœur des Musicales du Liban. Photo Wikicommons en couverture

Fauré, Boëly, Derghougassian, Kandalaft, Kanaan, Marnhac, voilà les compositeurs mis à l’honneur pour cette nouvelle édition des Musicales du Liban vendredi 27 juin à l’église Saint-Sulpice dans le 6e arrondissement de Paris. Le concert affiche déjà presque complet. Tout feu tout flamme, Zeina Saleh Kayali a une nouvelle fois prévu de gâter son public. « C’est avec le pianiste Georges Daccache, le musicien et trésorier Emilio Matar et le chef de chœur Fadi Khalil que nous préparons les programmes de nos concerts. Au départ, le festival se déroulait sur trois dimanches de novembre, avec de la musique de chambre. Lorsque Fadi et Emilio nous ont rejoints, ils nous ont apporté un souffle nouveau. Fadi a voulu fonder un chœur, qui est une réussite totale. Ils nous ont donné l’idée de nous délocaliser, en créant nos concerts ailleurs qu’à l’église Notre-Dame du Liban, et ont suggéré d’espacer les concerts dans le temps », explique joyeusement Zeina Saleh Kayali, qui a fondé le festival avec Georges Daccache.« Le festival est une façon de faire connaître le répertoire libanais et de le faire voyager auprès de musiciens français. Les trente choristes interpréteront le Requiem de Fauré, une œuvre célèbre et appréciée, et celui de Sevag Derghougassian. Le festival a également commandé un motet (œuvre vocale sacrée) au jeune compositeur Ramzi Kandalaft, c’est une façon d’enrichir notre patrimoine musical », poursuit vivement la directrice de la collection Figures musicales du Liban.

Zeina Saleh Kayali, cofondatrice des Musicales du Liban. Photo DR

« Un kaléidoscope de styles, de couleurs et d’identités musicales »

« Tout a commencé dans la chorale de ma paroisse à Ghadir, à 12 ans. Je jouais de l’orgue et cela m’a encouragé à suivre des cours de formation musicale au conservatoire. En parallèle, je chantais dans la chorale du père Rahmé, à la Notre Dame University (NDU), où je suis devenu assistant du chef de chœur. Pendant plusieurs années, j’ai également rejoint la chorale du grand maître Toufic Succar », explique Fadi Khalil, dont le bagage musical est solide et varié. Après des études d’écriture musicale au Conservatoire de Beyrouth, il enchaîne avec des cours de chant lyrique et de basson, puis une formation de direction d’orchestre à la Musin Society de Milan, entre 2015 et 2020, grâce au soutien du CPML (Centre du patrimoine musical libanais).

Le chef de chœur Fadi Khalil. Photo DR

« Le chœur du festival a été fondé en 2024, au départ il réunissait 12 jeunes chanteurs libanais, issus des grandes chorales universitaires de la NDU, de l’USJ (Université Saint-Joseph, NDLR) et des Antonins. Très vite, des chanteurs français et d’autres nationalités nous ont rejoints. Deux mois après les premières répétitions, nous avons fait un concert à l’occasion des dix ans de la disparition de Saïd Akl, qui a connu un grand succès. Notre deuxième concert a lieu à Saint-Sulpice, avec les solistes Marthe Davost et Adrien Forunaison, et l’organiste Axel de Marnhac », se réjouit le chef de chœur. « Le chœur du festival constitue un véritable espace de rencontre et de dialogue entre des chanteurs d’horizons variés, des traditions musicales libanaises et le grand répertoire choral mondial », enchaîne-t-il. Directeur artistique du festival Dar al-Milad à Philokalia, il insiste sur l’intérêt de la composition musicale libanaise, qui prend son essor au début du XXe siècle. « Elle cherche à créer un langage original en croisant la musique traditionnelle levantine avec la grande tradition de la musique savante occidentale. Les compositeurs contemporains s’appuient sur les chemins déjà explorés par leurs aînés pour bâtir de nouveaux langages, plus libres, plus personnels, et souvent plus audacieux. C’est un véritable kaléidoscope de styles, de couleurs et d’identités musicales», constate celui qui dirige également l’orchestre des jeunes du projet El Sistema, avec Beirut Chants.

Le compositeur Sevag Derghougassian. Photo DR

L’une des pièces maîtresses du concert est le requiem du compositeur libanais Sevag Derghougassian, qui a baigné dans une atmosphère musicale dès l’enfance. « Ma mère jouait du piano, mon père de l’accordéon, et on écoutait beaucoup de musique arménienne, arabe, grecque, russe et turque », se souvient le musicien. « Dès 13 ans, je réfléchissais beaucoup aux formes musicales, à leurs lignes, leurs contours, les émotions qu’elles véhiculent. Je cherchais des chemins pour exprimer les couleurs de mon regard sur le monde, et me créer un paradis », poursuit-il. Les compositions de Derghougassian sont multiples, deux d’entre elles sont particulièrement significatives selon lui. « L’Étude opus 34 révèle la justesse avec laquelle les études permettent une expression sophistiquée des émotions. Mon Nocturne opus 1, quant à lui, est le début d’un long voyage, qui m’a emmené très loin », précise le compositeur. « Le Requiem opus 26 chanté à Saint-Sulpice est une première. J’en ai composé la musique en 2016 et l’ai joué pour la première fois à Beyrouth, à deux pianos, puis en France, à l’église Notre-Dame du Liban et au Musée des beaux-arts de Dijon, avec les pianistes Georges Daccache et Betty Salkhanian », enchaîne-t-il. Les influences qui se rencontrent dans les œuvres de Derghougassain sont multiples. « Sur un plan académique, je me retrouve dans les compostions européennes, russes et arméniennes, ainsi que chez Luciano Berio et György Ligeti. Ma musique repose sur des bases classiques pour l’harmonie, la forme, les aspects philosophiques. L’ethnomusicologue Soghomon Soghomian a été une figure importante pour moi », insiste-t-il, tout en déplorant le fait qu’il compose beaucoup moins dernièrement. « Les difficultés de la vie font que je dois donner beaucoup de cours de piano, ce qui me laisse très peu de temps. Néanmoins, je suis heureux d’apprendre la musique à la nouvelle génération. Ma dernière composition, Bagatelles opus 41, pour hautbois et piano, date de 2023 », conclut le musicien.

L’écriture musicale contemporaine selon Ramzi Kandalaft

Le Sanctus de Ramzi Kandalaft permettra au public de découvrir un jeune compositeur de moins de 30 ans, entré dans le monde de la musique par des cours de violon. « Après mes premières expériences d’orchestre, j’ai décidé de me lancer dans la composition et de prendre des cours d’écriture musicale au Conservatoire de Beyrouth. Je me souviens de mon émotion quand j’ai joué mes propres pièces, à Philokalia, puis à Beit Tabaris », confie le violoniste. Son Sanctus s’inspire de la tradition française du début du XXe siècle. « Je suis parti d’un texte liturgique traditionnel et j’ai mené l’adaptation musicale dans un style assez intime que j’ai développé ces dernières années. Il y a un peu de Poulenc, de Fauré, un peu d’esthétique impressionniste de Ravel et de Debussy. Je me sens proche d’une écriture recherchée, qui reste légère et fluide », explique le musicien, qui a déjà participé aux Musicales du Liban il y a trois ans en tant que violoniste. « Cette expérience m’a beaucoup appris, je me forme sans relâche par des lectures, des recherches et des masterclasses, notamment celle de Naji Hakim », poursuit le compositeur.

Le musicien et compositeur Ramzi Kandalaft. Photo DR

« Nous avons des chœurs très actifs au Liban, qui méritent d’interpréter des créations plus souvent, et c’est une chance pour nous de pouvoir écouter nos pièces, auxquelles ils donnent vie. Quand je travaille sur un texte libanais, une influence orientale apparaît toute seule. Je viens de finir une œuvre vocale qui a été commandée et chantée par le chœur de la NDU, autour de la Vierge Marie. Il s’agit de pousser les limites harmoniques et rythmiques de la musique chantée en arabe vers des styles plus avancés. Elle est plutôt conservatrice dans un souci de préserver les traditions », constate-t-il. « On tend à enrichir le répertoire arabe pour trouver un cheminement du sens plus approfondi avec des mots arabes », conclut le musicien, qui sera à Rabat le 28 juin dans l’orchestre qui accompagne Majida el-Roumi.

Après le concert du 27 juin, les Musicales du Liban donnent rendez-vous à leur public cet automne. « Le 16 octobre à la mairie du 5e pour un concert de piano, puis le 30 novembre à l’Institut du monde arabe à Paris pour un événement autour de Toufic el-Bacha, et enfin le 7 décembre à l’église Notre-Dame du Liban, pour les 70 ans du compositeur Naji Hakim. Un programme réjouissant qui ne serait pas possible sans le soutien de notre principal mécène, Philippe Hélou », rappelle Zeina Saleh Kayali.

 

 

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